Collectes d’archives orales
Les archives publiques relèvent du domaine public. Produites par les services de l’État, les collectivités locales, les établissements et entreprises publics, les organismes de droit privé chargés d’une mission de service public et les officiers publics ou ministériel, elles sont inaliénables, imprescriptibles, inexportables et régies sous le contrôle scientifique et technique de l’administration des archives, représentée dans chaque département par le directeur des Archives départementales. Obligation légale, la conservation des archives est organisée dans l’intérêt public pour permettre soit le fonctionnement d’une administration, soit la justification des droits des personnes, soit de connaître l’histoire d’une institution et les problèmes socio-économiques d’un territoire pendant une période donnée. C’est principalement dans ce but à caractère historique que les Archives Municipales de Toulouse ont associé Anaëlle Guérin de Bird à différents projets de collecte de témoignages sur son territoire.
Comme le rappelle Rémy Verdo, directeur des Archives Municipales de Toulouse dans son grand entretien à Anaëlle Guérin : « les différents projets de recueils de témoignages ont vu le jour du fait de [l’]actualité, en lien par exemple avec des collectes d’archives. Ça a été le cas du recueil de témoignage auprès des architectes de l’Atelier 13. […] Les autres recueils de témoignages ont également été réalisés du fait de l’actualité. Sur le sujet de l’exil espagnol, il y avait des demandes politiques. Sur celui de Jean Dieuzaide, on était dans le contexte de la cession du fonds à la ville de Toulouse. […] Enfin, concernant l’histoire de Job, il n’y avait pas de commande politique précise, mais le sujet importait : le recueil de témoignages a apporté, de la part de la mairie de Toulouse, une forme de reconnaissance à cette histoire et à ces acteurs. La mission et la démarche des Archives municipales, c’est aussi de créer ce lien et cette forme de reconnaissance. »
Le témoignage des architectes-urbanistes Nicole Roux-Loupiac et Jean-Philippe Loupiac, fondateurs de l’Atelier 13 basé à Toulouse, a pris la forme d’un récit de carrière retraçant la vie de ce couple qui a largement contribué au façonnage urbanistique de la ville au travers de ses nombreuses réalisations. Pour Job, Anaëlle Guérin a mené 7 entretiens semi-directifs, filmés à l’Espace JOB, donnant lieu à des témoignages documentés (fiches de synthèse et fiches chronothématiques). Concernant Jean Dieuzaide ce sont 4 proches dont Bird a recueilli les témoignages : son ancienne secrétaire, son ancien tireur, son ancienne tireuse, et son premier collaborateur, André Cros. L’exil républicain espagnol s’est incarné autour de 5 témoins, ayant vécu cet exil en 1939 alors qu’ils étaient enfants ou en tant que filles ou fils d’exilés, et à travers le récit de cet exil, de l’arrivée à Toulouse et de cette vie « après ». Quant au quartier Marengo, 5 témoins y résidant depuis toujours -ou depuis moins longtemps- et impliqués dans la vie du quartier, ont décrit ce que c’est que de l’habiter et évoqué ses transformations.
Les apports se situent à plusieurs niveaux. En interne d’abord : les témoignages collectés apportent de l’information sur des sujets importants pour le personnel des Archives. En externe ensuite, car les témoignages sont maintenant à disposition et à l’écoute au sein de la base de données des Archives municipales. L’ensemble de ces restitutions sont ainsi à disposition du grand public pour pouvoir mieux comprendre, étudier, et conserver certains pans d’histoire de cette Ville grâce à la voix de ceux qui l’ont vécu. En outre, les témoignages collectés sont des matériaux de bonne qualité. Et comme ils sont au format numérique et audiovisuel, tous types de projets, qu’ils soient de médiation, de valorisation, d’exposition, peuvent désormais s’en emparer : le moment de la constitution des fonds d’archives orales et le moment de leur communication pouvant être des phases distinctes sur le temps long.
Ces témoignages oraux apportent du liant et une épaisseur humaine à l’histoire et au patrimoine d’une ville. Au travers de ces collectes et de leur mise à disposition publique sur son site internet, Toulouse fait ainsi œuvre de mémoire, elle reconnait et met en lumière des parcours qui ont contribué à forger son âme, sa culture, sa nature. Mais ces recueils de témoignages ont aussi été envisagés comme des opportunités de travailler de manière anticipée sur des sujets de mémoire avant que des pans d’histoire ne disparaissent. En cela, les collectes de témoignages de Bird peuvent aussi être considérées comme une matière et une base de documentation solide et parlante en prévision de questions d’avenir et une aide à la réflexion sur la vie de quartiers, de territoires, d’entreprises ou d’organisations. Alors n’hésitez pas à nous solliciter sur ce type de projet associé à votre structure 🎤